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Mauguio et moi

Melgorienne dès ma naissance en 1959, j’habitais le chemin « bel air », actuellement rue Arnasserre. Oui, juste à l’entrée de Mauguio, en venant de Montpellier.

Photo en noir et blanc du Chemin Bel Air à Mauguio.Là, je pouvais librement jouer à la trottinette car en 1966, les voitures étaient rares. L’école maternelle, maman nous y accompagnait à pied : belle balade, le matin, puis 14 h et retour 17 h. Que c’était bon de flâner, prendre le temps sur le chemin de retour, sentir le jasmin, s’y arrêter pour l’admirer dans ses détails, ma sœur jumelle et moi. L’école maternelle avec sa cour de récréation, lieu qui m’apaisait aux murs tout en douceur avec leurs bordures arrondies, et ses platanes majestueux qui apportaient une ombre généreuse.
Puis, vers 7 ans, nous rentrions seules de l’école : Ah ! Insouciance, liberté, décoller les écorces de platanes qui sont sur notre route, rigoler avec les copines, chemin faisant.
J’insiste sur ce moment où nous nous rendions à l’école car chaque jour était différent. Nous longions ces platanes qui habillent la route. Je me laissais aller à maints scénarios dans mon imaginaire d’enfant. On ralentissait le pas au niveau de la distillerie pour profiter à plein nez des odeurs particulières de mou de raisin et dire « bonjour » à la secrétaire qui nous apercevait de sa fenêtre.
Mme Gleize, la directrice, gérait la classe de CM2. Avec elle, nous avions le privilège de visiter Mauguio et son histoire et je dois dire que j’étais toute fière de savoir qu’on y frappait la monnaie. Au printemps, nous sommes allées jusqu’aux cabanes découvrir cette flore sauvage et les chemins ornés de joncs qui sentaient bon les narcisses. Grâce à la classe de neige, j’ai pu découvrir le ski que j’ai continué de pratiquer par la suite. Pour clôturer l’année scolaire, nous présentions les « Landis » dans les arènes de Mauguio, sous une chaleur torride.

Le jeudi, une semaine sur deux en alternance avec ma sœur, j’allais au marché à vélo avec la liste des commissions et, sur la place du village, les commerçants vantaient leurs produits. J’ai en mémoire ce charcutier de Lacaune avec son crayon accroché au-dessus de l’oreille qui me faisait sourire.
Maman nous missionnait pour chercher le lait à quelques pas de chez nous avec le pot-au-lait. Quelle odeur ! Le lait cru et les vaches juste devant nous.
Inséparables, nous allions ensemble jouer à la poupée, en traversant la route principale sans crainte. Là, juste à côté du terrain de boules, nous jouions sur une construction en béton qui servait à je ne sais quoi mais qui, en tout cas, était notre lieu d’envolées imaginaires.

photo d'époque, en noir et blanc, Chemin de Bel Air à Mauguio.
Dans mon ressenti d’enfant, nous vivions à l’écart du village puisque vignes, pommiers et cultures maraîchères nous en séparait. A l’époque, cela me semblait être une bonne distance à parcourir à tel point que le Père Soulier venait nous chercher avec sa 4 L pour nous rendre au catéchisme. Aujourd’hui, tous ces terrains agricoles sont habités. Mauguio, c’était 5000 habitants, aujourd’hui 3 fois plus ! Je vis à présent au cœur du village, sur le boulevard de la Démocratie, et bien sûr marcher ou pédaler doit se faire en toute vigilance.

Malgré cette différence, d’hier à de nos jours, ce village devenu ville, a gardé cette ambiance avec ses origines espagnoles. Au marché, le dimanche, j’aime entendre ces Melgoriens qui se retrouvent et parlent espagnol et quelquefois, un patois bizarre qui me fait sourire. La place de la Libération, à mon goût, n’a pas changé. Les bals, les baptêmes, les bars qui encerclent cette place créent une ambiance conviviale, heureuse avec le marché aux fleurs où les rencontres se font, occasion de croiser toujours quelqu’un que je connais.
Et, cela me remplit de joie et me rassure à propos de mon village devenu ville. L’ambiance, l’affluence, les sourires, les rires, la musique, les moustiques font partie de Mauguio et moi.

Avril 2016, Josée Climent Alter

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3 Commentaires

  1. Manon 7 juin 2016

    Très bel article ! C’est touchant.
    Votre dernière phrase fait sourire !

  2. MELET JEAN JACQUES 29 novembre 2016

    Voilà quelqu’un qui devrait se présenter pour un poste de conseiller municipal, comme mémoire de la commune, il sont si peu nombreux……

  3. André FERNANDEZ 28 octobre 2019

    très beaux souvenirs ! notamment , avec madame GLEYZE qui a aussi été notre maitresse au CP ,Ecole des garçons en 1965 ! mais a cette époque les filles et les garçons n étaient pas dans la même école !

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