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Mauguio de mes vingt ans

 


Mauguio de mes vingt ans … petit cours d’« archéo » :
Monsieur le Maire alors se prénommait Théo ;
On n’avait point de peine à garer les voitures ;
Un grand calme régnait sur les jours et les nuits,
Qui ne retenait pas l’amateur d’aventures.
Les Bonaque vendaient des légumes et fruits,
Les Bénech des bonbons, du coco, des biscuits,
Les Mourgues des gâteaux, les Bèzes des chaussures.
« Inter », connaissions pas : la ménagère allait
Chez Nieto, chez « Jésus », à « L’Etoile », « Au Bon Lait ».
Marc tenait son tabac, Barthès sa droguerie,
Arlette son salon, Clozon sa pharmacie.
Place Jules-Ferry l’école était encor :
Les petits écrivaient avec un porte-plume,
Et le voisin Vernisse, en frappant sur l’enclume,
Tirait de son marteau des étincelles d’or.
Olive sur l’étang vivait de bonne pêche ;
Les cuves des lavoirs étaient pleines d’eau fraîche ;
D’eau fraîche, Marinette emplissait à son bar
Les verres de pastis de ses clients fidèles,
Et le curé Galtier, au sourire de star,
Parlait sur un ton neuf des choses éternelles.
Point de feu rouge alors, ni de lotissement ;
De la Motte aux labours on allait promptement :
Après les boulevards c’était la mer des vignes,
Et jusqu’à l’horizon, les ceps en droites lignes,
S’étendaient, nus l’hiver, et l’été, plantureux ;
Et ces jours, il me semble, étaient des jours heureux.
L’heure de la vendange amenait son tapage :
Les pastières portaient les grappes aux pressoirs,
Et j’aimais respirer la tiédeur des longs soirs,
Quand l’âme du raisin parfumait le village.
Mais laissez-moi pleurer mes printemps révolus,
Savourez le présent, sémillante jeunesse ;
A quoi vous servirait d’écouter ma tristesse,
Radotage ennuyeux, souvenirs décousus,
Inutiles regrets d’un Mauguio qui n’est plus ?
 
Michel Martinez

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5 Commentaires

  1. Romain 10 mai 2016

    Un grand bravo à Michel pour cet hommage tout en poésie!

  2. Climent 21 mai 2016

    Votre texte me replonge dans mes années d’enfance!!! Je visualise très bien toutes ces ambiances typiquement melgoriennes !!!! Belle écriture monsieur MARTINEZ!!! Bravo!

  3. BECHARD Jacques 31 mai 2016

    Bravo Michel . Ton poème est très beau et tellement bien dit. Un brin de douce nostalgie, juste ce qu’il faut, riche pour les « néo » que nous sommes depuis 20 ans déjà.
    Antoinette et Jacques.

  4. Manon 7 juin 2016

    Bonjour,

    Je tombe sur votre poème doux qui fait rêver !
    Qu’elle belle idée de l’avoir enregistré pour le faire partager au plus grand nombre !

  5. Pichon Jean-François 5 juin 2021

    Emotion intense d’entendre la voix – et l’accent – de celui qui fut mon professeur de français ! Tel Maurice Pagnol narrant ses souvenirs d’enfance, il nous parlait de « son Mauguio »; il nous le sublimait dans son exil aux confins froids et pluvieux du Pas de Calais.

    Vivat semper !

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