Il est impossible de dater la construction des premières maniguières, mais l’étang a toujours joué le rôle d’un immense garde-manger pour les populations locales. Très tôt, sans doute, ont émergé des techniques de pêches fixes adaptées aux eaux stagnantes des étangs.
Dans certains textes du XIIIe siècle on parle de « maneguière » ou « d’engins fixes ». Deux sortes de maniguières existaient. L’une d’entre elle consistait à construire une digue composée à la base de pierres, puis de terre, d’environ 4 m de largeur. Sur cette levée de terre était plantés des pieux de tamaris morts, solidement reliés entre eux pour former un immense piège fixe, en zigzag.
Aujourd’hui certaines techniques existent toujours sous le nom de « capetchades ».
Au Moyen Âge, les maniguières occupaient une place centrale dans l’économie locale. Le système était si florissant que tous les étangs en étaient pourvus. Des investisseurs finançaient même leur construction et gagnaient des rentes sur ces dispositifs. Les pêcheurs, quant à eux, relevaient les filets et s’occupaient de la cabane associée à la maniguière. Comme le signale Marie-Josée Guigou dans ses recherches, nous assistons alors à la mise en place d’une forme de société capitaliste.
Chaque maniguière a sa cabane, elle pouvait être en bois ou roseaux, sur pilotis comme celle de Carnon ou en pierre comme l’Avranches. Une des plus anciennes maniguières est l’Arbelestrass qui est devenue ensuite la maniguière et le lieudit de Balestras à l’origine de la ville de Palavas. Les noms de ces maniguières ont très fortement déterminé la toponymie de certains lieux comme le Grand Travers, le Petit Travers ou même le nom de l’étang de l’Or qui vient de la grande « tieyra de l’Ort ».