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L’étang de l’Or, un si joli nom !

Que savons-nous de l’étymologie de l’étang de l’Or ? Le point avec Marie-Josée Guigou, historienne, auteur de L’Avranches ou l’histoire vraie de la cabane qui semble flotter sur l’étang de l’Or, contributrice généreuse de la revue Études Héraultaises.

L'étang de l'or, carte de 1773
L’étang de l’or, carte de 1773

L’étang aux rivières

Parmi toutes les suggestions d’écrivains ou d’historiens, j’ai choisi celle du Conservatoire du Littoral d’Yves ROUQUETTE, Vic, le Méjan, l’Or : étangs de Montpellier (page 38). « Bien avant les Latins, la plupart des lieux avaient déjà leur nom et l’Ort ou l’Or serait à rattacher au même radical que l’Orb, l’Oronte ou l’Orbieu. Il faudrait alors comprendre : l’étang aux rivières. »
Sur la carte de 1773 ci-dessus, on peut lire sur un point : « sorge de Lorc » ; la sorgue ou la sorge est une résurgence, une source. Cette indication viendrait confirmer l’hypothèse plausible du Conservatoire du Littoral.

Le jardin

C’est Alexandre LANGLADE (1820-1900) qui, en donnant le titre de son poème, L’estanc de l’Ort, a dit que,  dans le parler d’ici, « l’ort » c’est l’hortus des latins, le jardin ! Pourquoi pas ! 

De l’or !

Gaston BAISSETTE nous dit que c’est à cause des comtes de Melgueil qui crevaient dans leur or !  Les comtes de Mauguio effectivement battaient leur propre monnaie. Puis il rajoute, « Pourquoi il s’appelle l’or ? C’est pas difficile, il n’y a qu’à le regarder. Quand le soleil le prend de front, c’est un lingot tout d’une pièce. Ces larges bandes de roseaux et de triangles sur tous les bords, c’est incolore, ça vit en volant la couleur de chaque heure : c’est de l’or jaune, puis de l’or vert, puis de l’or rouge à mesure que le soleil descend. Mais toujours l’or, l’étang en or !… »
François VICAL, un vieux pêcheur de Palavas, répondait, sans hésiter sur l’origine du nom de l’étang de l’or : « Cet étang était si poissonneux qu’on y pêchait de l’or. »
On peut y rajouter, aussi, une tradition romaine qui consistait à jeter des pièces d’or dans l’étang pour faire exaucer ses vœux.

L’étang de Mauguio et de Carnon

Lorsqu’on se penche sur les cartes anciennes, on s’aperçoit que cette dénomination, l’étang de l’Or, est récente. Il est le plus souvent cité comme « l’étang de Mauguio et de Carnon ».

  • sur la carte en parchemin du XIVème siècle : estang de Melgorio et estang du porte de Carnone
  • sur une carte en 1715, on le désigne, même, sous le nom : étang de Perau (Pérols)
  • sur l’Atlas du grand St Jean du XVIIIème siècle il est encore l’étang de Mauguio

C’est à partir du XIXème siècle qu’il devient « l’étang de Mauguio ou de l’Or », « Or » écrit de différentes façons, Lorc, Lord ou Lort. 

La maniguière la Tieyre de Lort

Mais, il faut savoir que depuis des lustres, au moins depuis le XIVème siècle, existait une maniguière dite « La Tieyre de Lort » dite aussi « la maniguière longue » propriété du marquis de Castries, qui traversait de part en part l’étang de Mauguio. Elle prenait naissance, à l’est du Petit Travers pour aboutir à St Marcel (Vauguières). L’originalité des maniguières c’était leur exploitation qui se gérait comme une société capitaliste, les bourgeois investissaient dans ces pêcheries. En occitan, une « terre hort » est une terre appartenant à plusieurs propriétaires, cela aurait pu s’appliquer à la « la tieyre de Lort ». Mais nous ne le saurons jamais.
Cependant ce qui est sûr, c’est bien à cause de cette maniguière « la tieyre de Lort »  que l’étang s’appelle de l’Or. Cela n’enlève rien à l’étymologie plausible du Conservatoire du Littoral.

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