Arrivés en 1998 à Mauguio, nous habitions avec mon mari et mes enfants dans la rue Marcellin Albert, mais voilà qu’en 2016, la maison étant reprise par le propriétaire, nous devons la quitter, à notre grand regret, nous qui avions tant de plaisir à vivre au cœur du village, malgré le bruit et la fureur qui y régnaient parfois. Pour la petite histoire : anciennement rue de Pierrefiche, la rue porte aujourd’hui le nom de Marcellin Albert, cafetier et vigneron, qui fût le meneur de la révolte des vignerons du midi en 1907, défenseur du vin naturel contre le vin de fraude.
Pendant toutes ces années, nous avons pu assister à la transformation de cette rue. Après le passage des voitures, les changements de commerces. La boutique du marchand de cycles qui se transforme en boutique cadeaux ensuite en salon de coiffure. Mais malgré tout ça les quatre piliers de la rue sont toujours là : le pressing, la boucherie, le coiffeur et la librairie.Aujourd’hui, elle est devenue piétonnière, pavée de manière artistique, comme une bonne partie des rues du vieux village. Elle est autorisée aux voitures des riverains et aux vélos également. Son éclairage s’est modernisé.
Quand nous faisions attention à ce qu’il s’y passait, nous ne nous lassions pas, tout en buvant notre chicorée ou un livre à la main, assis sur le perron de notre maison, de regarder passer tout le petit monde qui l’empruntait. Petit monde se dirigeant sur la place du village, celle de la Libération. Place principale de Mauguio avec sa mairie, son église, ses divers commerces, cafés et restaurants, soit pour acheter un livre ou se faire coiffer. Allant au restaurant ou au café, et également, quand le dimanche était là, au marché aux fleurs, redescendant la rue des brassées de fleurs ou des plants de légumes dans les bras. Ou aussi passant le visage triste, le vêtement sombre, pour assister à la messe d’un parent ou d’un ami décédé. Ou bien marchant d’un pas joyeux, tout endimanché, pour fêter un mariage à la mairie ou à l’église.
Au printemps, les martinets se poursuivent avec leurs cris si caractéristiques passant et repassant à hauteur des toits, suivant la rue et bifurquant brusquement.
Au mois d’août, pour la grande fête de Mauguio, c’était un ballet incessant de festejaïres, avec leurs costumes ou sans, faisant la fête. Riant, chantant, nous faisant participer à leurs rires et parfois nous obligeant à intervenir pour séparer les disputes provoquées par la chaleur et le trop plein d’alcool.
En automne, les feuilles poussées, par le vent roulent comme des vagues. Un jour, un petit tas de feuilles s’était formé au pied de notre perron, formant comme un tapis bien agréable à regarder. La pluie, elle, quand elle vient à tomber, transforme cette si belle rue en un mini torrent.
L’hiver ne se fait pas sentir dans cette rue, les passants étant un peu moins nombreux mais toujours présents. L’apparition de la neige est un événement qui nous donne juste le temps d’une bataille de boules de neige, pour disparaître le jour même.
Durant toutes ces années la rue était devenue, aussi pour nous, un lieu de partage. Les discutions allant bon train avec les amis, les voisins, les inconnus de passage. Ceux qui promenaient leurs chiens ou parfois ceux se dandinant sur leurs chevaux. Il faut dire que notre porte restait souvent ouverte, ce qui facilitait ces échanges.
Enfin, la rue Marcellin Albert, une des rue commerçante de Mauguio aura vu grandir nos enfants, leur servant de cour de récréation, courant sautant jouant chantant un vrai plaisir des yeux.Un lieu bien agréable que nous n’oublieront pas de si tôt
ON DIRAIT LE SUD !!!!
Attention travaux !
Fin 2014 les propriétaires et les locataires de la rue Marcellin Albert, ont été prévenus, par arrêté municipal, que des travaux de réfection de voirie, d’enfouissement de réseau, et de rénovation de l’éclairage débuteraient le 1er trimestre 2015 et dureraient 3 mois environ.
Le jour J nous avons vu débarquer les engins mécaniques qui allaient rendre la vie difficile, pendant ces trois mois, à toutes les personnes qui habitaient dans la rue ou qui l’empruntaient.
Pour moi, les choses allaient être d’une autre nature. En rentrant du travail vers 15 heures, après un réveil à 5 heures, il m’était impossible de me reposer en raison du bruit qui résonnait dans toute la maison. Nous étions «en première ligne». C’est donc pour ne pas subir ce bruit et le dérangement que cela générait, que j’ai décidé d’utiliser tablette et appareil photo pour prendre part aux travaux, à ma manière, et en retirer un réel plaisir. J’ai donc pu photographier et filmer une bonne partie des travaux qui ont fait ressembler la rue Marcellin Albert à un vrai champ de mines.
Notre porte d’entrée, donnant directement sur la rue, j’ai invité à une pause café, chaque fois que c’était possible, une bonne partie des ouvriers qui ont participé à ce chantier. Je n’ai pas ressenti ces trois mois comme une mauvaise expérience, mais plutôt, comme une expérience humainement plaisante avec des rencontres très touchantes. Ces ouvriers trouvaient, pour quelques instants, un endroit pour se détendre, en buvant un café ou une bière accompagnés de fruits secs ou de gâteaux, avant de reprendre leur travail ou de le commencer.
Pour vous faire participer, vous aussi, à la réfection de cette rue, j’ai sélectionné quelques photos et vidéos, qui vous permettront, tout comme moi, de vous plonger dans la rue Marcellin Albert dans tous ses états. Presque toutes les étapes d’une réfection de voirie y sont représentées. Passé d’une rue couverte de bitume en rue pavée n’ai pas une mince affaire. Le résultat en valait la peine.
Bon visionnage !
Françoise Muratet
Marjolaine Mayran 10 mai 2016
Très chouette Françoise, bravo. c’est beau les pavés !
Bristow 5 juin 2016
C’est un récit très èmouvant pour moi qui ne suis venue qu’en courtes visites, dans ta maison ,dans ta rue Marcellin Albert. A chaque fois que je passais chez toi je profitais de toute cette atmosphère chaleureuse qui régnait dans la maison et dans la rue, sur le pas de ta
porte. J’etais là quand la rue c’est transformée, tu savais tous les noms de ces ouvriers, je me souviens. Tu as dû quitter cet endroit, mais ton coeur y sera pour toujours.
Namasté Sister.
Manon 7 juin 2016
Beau récit plein de vie !