Avant de présenter mes souvenirs, un petit rappel de l’histoire protestante de Mauguio
LES PROTESTANTS A MAUGUIO
Pourquoi Mauguio fut-elle ouverte aux idées de la Réforme ?
- Située entre Montpellier, ville universitaire ouverte aux idées nouvelles et Nîmes un des plus forts bastions du calvinisme français, Mauguio subit l’influence tantôt de l’une ou de l’autre suivant les époques.
- Beaucoup de bourgeois Montpelliérains qui ont été les premiers touchés par la Réforme, avaient des exploitations agricoles sur le territoire de Mauguio.
- Mauguio comptait de nombreux marchands, qui du fait de leur fonction étaient sans cesse en contact avec les idées nouvelles.
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Suite à de nombreux scandales financiers et de mœurs, la population de Mauguio avait développé une forte haine à l’égard de son seigneur et évêque .
Tous ces éléments ont été des vecteurs de l’implantation de la Réforme Protestante à Mauguio.
Dés 1560 il est fait état d’un nombre important de baptêmes protestants dans la ville, et on trouve trace d’un premier temple à Mauguio en 1583.
Au travers des âges différents temples seront construits, démolis, jusqu’en 1812 construction de l’actuel temple impasse Danton.
Dans la 2ème moitié du 16ème siècle la quasi-totalité de la population est protestante, 40 foyers catholiques pour plus de 400 protestants.
Les conséquences des guerres de religion :
La communauté protestante perdra de son influence en partie à la suite des guerres de religions, mais surtout après les guerres dites « guerres de Monsieur de Rohan », du nom du principal chef du parti protestant dans les années 1623/1624.
Cela se traduira sur la ville de Mauguio par la reprise en main du pouvoir politique. L’évêque Pierre de Fenouillet évince définitivement les protestants du pouvoir consulaire. Il met en place une politique visant à provoquer le maximum d’abjurations de la foi protestante.
A la fin du 17ème siècle Mauguio la protestante n’est plus.Ces informations sont extraites de la maîtrise d’histoire de ma nièce, Anne Bérard, La Réforme protestante à Mauguio, de 1560 à 1685, que vous pouvez consulter à la médiathèque.
Souvenirs d’une enfance protestante
Un jour de communion
Dans les années 1940 la population de religion protestante est peu nombreuse à Mauguio.
La communauté est marquée par quelques figures emblématiques :
- Mademoiselle LAMBERT qui animait l’école du dimanche (le catéchisme), et faisait un peu fonction d’assistante sociale pour la communauté.
- Madame MIZON qui au cours des cultes « tenait l’harmonium », et organisait en fin d’année de petites représentations au foyer municipal. Elle jouait du piano et nous dansions toutes intimidées.
Le dimanche de la cérémonie, en tenue de communiante, ma soeur et moi quittons la maison située au centre du village, avec nos parents et amis et commençons à descendre la grand rue pour nous rendre au temple situé impasse Danton. Toutes les deux nous aurions vraiment préféré que la cérémonie se passe chez nous. Hélas, il fallait respecter la coutume et aller au temple…
Sur notre passage les gens sortaient de chez eux et s’interrogeaient. Ce n’était pas le dimanche des communions à l’église ? Que faisaient ces deux jeunes filles en communiantes dans le village ? Il est vrai qu’il n’y avait pas eu de cérémonie de première communion protestante à Mauguio depuis de nombreuses années.
Auparavant je dois vous conter l’histoire de nos robes de communiantes. Nos amies catholiques avaient déjà fait leur communion. Par mesure d’économie pour nos parents, deux d’entre elles nous ont prêté leurs robes. Notre mère avait ôté tous les accessoires ostentatoires pour respecter la sobriété protestantes (aumônières, croix …). Ces robes, avaient si l’on peut dire, déjà « servies » devant Monsieur le curé et nous entrions avec elles dans la communauté protestante. Prêtes pour l’œcuménisme !!!!!
Nous avons toujours eu le sentiment de ne pas être comme les autres, un ressenti propre aux communautés minoritaires, et à ce moment là ce sentiment se trouva exacerbé.
Un Noël au Temple
Dans ces années là, nous n’avions pas de jouets comme aujourd’hui.
L’arbre de Noël du temple était une vraie fête pour nous. Nous avions droit à une orange que nous gardions précieusement dans la poche. A l’époque il s’agissait d’un fruit rare et cher, que nous prenions plaisir à déguster ensuite avec nos parents.
Aujourd’hui, perdure une petite communauté protestante. Six enfants sont inscrits à l’école biblique, animée par Anne- Marie WIBLE et Anna-Laurie ROMAN.
En 1993, Christiane et Jean BONIOL sont arrivés de Paris où Jean BONIOL a exercé son dernier ministère pastoral. Mais il n’était pas question de retraite. Christiane a rejoint Anne-Marie WIBLE à l’école biblique qu’elle vient de quitter tout récemment. Jean a animé toutes les conférences proposées au temple. Ils sont notre point d’ancrage, la clé de voûte de la communauté, et Christiane dit tout simplement : « nous avons la clé du temple ». Cette phrase résume leur inlassable et discrète disponibilité.
Edith
Un grand merci à Roger pour son aide précieuse dans la mise en forme informatique de ce texte.
Romain 10 mai 2016
Bravo à Edith et Roger pour cet article!
Merci à Edith d’avoir partagé avec nous ce souvenir, et toute l’équipe mobilisée pour faire vivre ce beau projet.
Anne Bérard 10 juin 2016
Bravo! Contente que la maîtrise que j’ai produite il y a 18 ans déjà suscite aujourd’hui de l’intérêt, je suis tellement loin de toute cela maintenant. Je n’avais jamais eu connaissance de l’histoire de votre communion. Je repense à une dame protestante rencontrée dans un temple toulousain à l’occasion des journées du patrimoine, elle disait « il y a encore peu, être protestant c’était comme avoir un troisième oeil sur le front ». 4 siècles pour ne plus se sentir différent, les minorités actuelles devront elle attendre aussi longtemps?